Le voyage de Robey Childs - Robert Olmstead

Le voyage de Robey Childs - Robert Olmstead

(Coal Black Horse, 2007), Gallmeister, 2014. Traduit par François Happe.

 

Présentation

 

Un matin de 1863, la mère de Robey Childs s'éveille bouleversée par un songe. Un grand danger planerait sur son mari, soldat de la guerre de Sécession. Elle envoie alors Robey, son unique enfant, âgé de quatorze ans, sur les traces de son père avec pour seule arme une veste réversible aux couleurs des uniformes de chacune des deux armées. Commence alors pour Robey un voyage qui bouleversera sa vie. Monté sur un cheval noir hors du commun, cadeau providentiel d'un de ses voisins, il traversera un pays en ruines, découvrant sur sa route la véritable nature des hommes.

 

Le Voyage de Robey Childs est le récit d'une quête initiatique, subtile fable aux accents d'épopée qui traverse l'histoire d'un pays déchiré par une guerre fratricide. 

 

Il sentit son sang s’échauffer et battre dans ses veines, alors qu’il se persuadait qu’il ne fallait pas s’effrayer de ce spectacle en raison de l’horreur qu’il représentait, mais l’accepter en raison de la connaissance qu’il lui apportait. Il y avait là quelque chose à apprendre, quelque chose sur quoi il pourrait s’appuyer, une autre règle du chaos. Cela lui ôtait même encore un peu plus les illusions qu’il avait emportées avec lui en descendant de ses montagnes. Il constatait que même ceux de votre camp sont prêts à vous tuer, et s’il en va ainsi, alors n’importe qui est prêt à vous tuer, et il fut soulagé de comprendre cela : il apparaissait de façon parfaitement claire que la guerre devenait pour lui une équation des plus simples

Avis

 

Robey Childs n’a que quatorze ans ce soir du dimanche 10 mai 1863, lorsque sa mère Hettie Childs le fait descendre des anciens champs qui entourent la ferme familiale. Une nouvelle vient de tomber : La mort du Général Thomas Jackson aux ordres duquel son mari combat dans l’armée des Confédérés, Robey doit partir vêtu d’une veste réversible aux couleurs des uniformes des deux camps et montant le plus bel étalon noir charbon qu’un voisin lui confie. Le but : ramener son père à la maison avant le mois de juillet.

« C’était merveilleux de chevaucher cet étalon noir charbon et les premiers jours, il voyagèrent sans s’arrêter. Quand il arriva dans la vallée, il vit que l’herbe et le trèfle y poussaient en abondance. Les routes d’argile rouge étaient larges et bien damées, et les talus secs et inclinés. »

 

Ainsi débute Le voyage de Robey Childs. Un périple à travers les Etats-Unis, à travers les ruines d’une guerre, à travers le côté obscur de l’être humain. Il y fera l’expérience de la vie et de la mort.

« Il se dit que si tous ces hommes étaient morts en combattant la guerre, c’était donc que la guerre était en train de gagner »

 

C’est sur un champ de corps après la Bataille de Gettysburg, la plus sanglante, qu’il retrouvera son père blessé.

« Il pouvait voir toutes sortes de blessures imaginables, des visages horriblement mutilés et des hommes sans bras ou sans jambes, et pourtant ils étaient encore vivants et se débattaient péniblement dans la boue, comme quelque chose qui aurait été déposé là et laissé par une grande marée agitée. »

 

Quant à Robey il en ressort grandi. Ses aventures le mènera à en apprendre davantage sur la nature humaine et sur lui-même, croisant le chemin de personnages plus ou moins bon, et comprendra que la valeur d’un homme ne tient pas seulement à son courage mais aussi à la fermeté de ses décisions bonnes ou mauvaises. Tuer ou être tuer.

Roman initiatique, épopée dans un monde devenu hostile l’auteur nous décrit dans le détail les scènes de guerre où la beauté des paysages le dispute à l’atrocité et la stupidité des combats,

 « On pouvait trouver là, éparpillé sur ces quelques centaines d’hectares, tout ce qui constitue un être humain, à l’intérieur comme à l’extérieur. Il y avait assez de membres et d’organes, de têtes et de mains, de côtes et de pieds pour raccommoder corps après corps – il ne manquait que le fil et l’aiguille. Et une couturière céleste. »

 

Un roman puissant sur la naissance d’un homme au milieu de paysages sauvages, de rivières illuminées, de vallées recouvertes de tapis vert, un « héros » face à lui-même la fidélité d’un étalon noir en prime. Très beau et cruel.

Un auteur que j’ai très envie de suivre. 

 

Lu dans le cadre du Challenge Coupe du Monde des Livres

Lu dans le cadre du Challenge Coupe du Monde des Livres

Robert Olmstead est né en 1954 et a grandi dans une ferme du New Hampshire. Après avoir fait ses études à l'université de Syracuse aux côtés de Raymond Carver et Tobias Wolff, il se lance dans l'écriture et l'enseignement. Aujourd’hui encore directeur du programme de creative writing de la célèbre université Wesleyan de l'Ohio, Robert Olmstead a écrit sept romans, tous unanimement salués par la critique, et a reçu la bourse Guggenheim. Son dernier roman, Le Voyage de Robey Childs, a reçu le Heartland Prize for Fiction.

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L
Je viens de le lire et chroniquer : j'ai adoré :) il est vraiment superbe :)
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S
Ah je file lire ton avis alors