Macaroni ! - Vincent Zabus et Thomas Campi

Présentation
"Le vieux chiant", c'est comme ça que Roméo appelle son grand-père. Alors, quand il apprend qu'il va devoir passer quelques jours avec lui à Charleroi... c'est une certaine idée de l'enfer pour le gamin de 11 ans. Pourtant, cette semaine s'avérera surprenante à bien des égards. Peut-être grâce à Lucie, la petite voisine, qui parlera de son "nono" à elle et qui lui fera découvrir la beauté des terrils, peut-être grâce à son papa qui, pour la première fois, évoquera son enfance, certainement grâce à Ottavio qui derrière ses airs de vieux bougon cache une vie faite de renoncements et de souffrances. Une vie qu'un gamin d'aujourd'hui ne peut imaginer. C'était une simple semaine de vacances, ce sera l'occasion de lever le silence qui pèse sur des hommes de trois générations. Un récit humain et touchant qui nous parle de l'immigration italienne, du travail des mineurs, de transmission et du difficile accouchement de la parole quand, une vie durant, on a été habitué à se taire.

Avis
Roméo vient passer quelques jours chez son grand-père paternel à Charleroi, malgré ses réticences son père n'a pas le choix que de le laisser là-bas. Le temps va être long auprès de son grand-père Ottavio, ce vieux chiant qui pue et qui n'a en plus toujours pas de télé. Le lendemain de son arrivée Roméo est invité à visiter le jardin où le vieil homme cultive un peu de tout et qui héberge un cochon du nom de Mussolini (et quel meilleur nom pour un cochon!!).
Comme tout jeune de sa génération Roméo n'est pas passionné de jardinage pourtant c'est par cette activité qu'il fera la connaissance de sa voisine Lucille qui en sait bien plus sur son grand-père que lui-même. Ottavio, ancien mineur, est atteint de Silicose, une maladie des poumons. Pour en savoir plus Lucille emmène Roméo au musée de la ville retraçant la vie dans les mines de charbon.
Intrigué Roméo interroge son grand-père qui reste mutique face aux questions notamment celle sur son pouce coupé.

Il s'agit là d'une histoire sur l'immigration italienne, une population venue trouver du travail dans les mines du Nord de l'Europe. Le personnage d'Ottavio est rongé par l'aigreur d'avoir raté sa vie, il se mure dans le silence en pestant contre Giulia sa défunte femme de lui avoir volé la possibilité de devenir quelqu'un d'autre. Les rapports entre Ottavio et son petit-fils sont très tendus mais finiront pas s'apaiser au fur et à mesure que chacun fait un pas vers l'autre, ainsi vole en éclats les préjugés sur des générations bien différentes. Chacun apprend à se connaître. J'ai beaucoup aimé le personnage d'Ottavio qui me rappelle énormément mes deux grands-pères aussi mutique l'un que l'autre sur le passé, pourtant ils avaient tous deux vécus beaucoup de choses.

Un dessin délicat aux couleurs chaudes qui mêle passé et présent, fait apparaître les fantôme de Giulia et des anciens compagnons de mine, comme le lien invisible unissant un grand-père à son petit fils. Un bel album qui m'a énormément plu mêlant racines et abandon sans trop de patho.

 

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