12 Août 2014
Présentation de l'éditeur
« Quand on craque une allumette, la première nanoseconde elle s’enflamme avec une puissance qu’elle ne retrouvera jamais. L’incandescence originelle. Un éclat instantané, fulgurant. En 1980, j’ai été l’allumette. Cette année-là, je me suis embrasé pour n’être plus qu’une flamme aveuglante. »
New York, années 1980. Robert Goolrick nous invite au bal des vanités, où une bande de jeunes hommes vont vendre leur âme au dollar et se consumer dans une ronde effrénée, sublime et macabre. Ils ont signé pour le frisson, une place sur le manège le plus enivrant que la vie ait à leur offrir.
Et ces princes vont jouer toute la partie : les fêtes, les drogues, l’alcool, les corps parfaits des deux sexes, les pique-niques dans la vaisselle de luxe, les costumes sur mesure taillés par des Anglais dans des tissus italiens, les Cadillac, le sexe encore et toujours, les suites à Las Vegas, des morts que l’on laisse en chemin mais pour lesquels il n’est pas besoin de s’attarder parce qu’on va les retrouver vite. Vite, toujours plus vite, c’est la seule règle de ce jeu. Aller suffisamment vite pour ne pas se laisser rattraper. Parce que les princes sont poursuivis par de terrifiants monstres : le sida, les overdoses, le regard chargé de honte de leurs parents, le dégoût croissant de soi-même, un amour s’excusant de n’avoir sauvé personne.
Avis
Dernier roman de Robert Goolrick , La chute des Princes, ceux de Wall Street, la fulgurance de leur ascension et de leurs excès dans ces années 80 où tout paraît possible, où le monde entier est regroupé dans une salle de marché
Le narrateur était un des ces princes, un personnage odieux qui passé la vingtaine était déjà dans la course à l’argent, aux filles, au corps parfait, aux fêtes, aux virées à Las Végas, aux primes de fin d’années qui se comptent en yards, aux excès en tout genre : drogues, alcool, on vit sa vie à cent à l’heure pour ne louper aucune miette du succès, on vend son âme.
Mais en ces années de folie, la belle vie à laquelle aspirent tous ces jeunes loups sera compromise par des bêtes bien plus féroces qu’eux et précipiteront leur chute. Le sida fait des ravages, les overdoses et les suicides marquent la fin.
Dans les premières pages j’ai retrouvé l’atmosphère de « En bande organisée » de Flore Vasseur, les arcanes de la politique et de la finance version française, sa démesure et son effondrement. Certains disparaissent, d’autres sont déchus de leur poste comme un roi pourrait être déchu de son trône, la vision est la même : on est au sommet et l’instant d’après on est au sol, on est plus rien, on est un homme ordinaire dans un pantalon ordinaire, un trader transformé en libraire.
Voici un grand roman sur l’argent et la décadence, des jeunes hommes poussés à l’extrême dans une vie rêvée où seul Robert Goolrick peut nous emporter à sa façon, on survole les années du narrateur telle une exubérante étoile destinée à s’abîmer dans les regrets et les remords.
En général chez Goolrick la chute est toujours brutale mais cette fois elle a un gout doux-amer, on sait qu’elle va arriver et on sait comment mais on attend le pourquoi. Pourquoi le narrateur s’est-il laisser sombrer ? Le dégoût de lui-même est peut être un début d’explication, les chutes autour de lui ont probablement eu un effet dévastateur. En tout cas les personnages de Goolrick, malgré leurs troubles, sont de véritables leçons de vie à eux seuls. C’est un roman captivant dont la lecture fut rapide.
Ce n’est pas un énième récit sur la fin d’un trader mais c’est le nouveau roman de Robert Goolrick, nuance !!
Si l'un de tes collègues se fait virer, ne lui adresse plus jamais la parole. Si tu le croises dans la rue, si tu te retrouves assis à côté de lui à un match de base-ball, fais comme si tu ne l'avais pas vu. L'échec est contagieux. Toutes les amitiés nouées au bureau sont purement circonstancielles, contextuelles, et s'évanouissent aussitôt que l'un de vous se fait éjecter, que ses lignes téléphoniques sont coupées et qu'il franchit la porte avec son pitoyable petit carton sous l'œil implacable d'un agent de sécurité. Si tu continues à le fréquenter, tu seras toi-même souillé par sa déchéance, par ce relent de la ruine qui jamais plus ne te quittera.
Ne mets jamais de chaussures bas de gamme. Et, quand tu t'achèteras une paire neuve, cire-la vingt fois avant de la porter dans la rue. Il ne faut pas que tes souliers aient l'air neufs, mais qu'on ait l'impression que tu les as hérités d'un vieil oncle friqué.
Ne te fais pas couper les cheveux n'importe où.
Fais en sorte de ne pas avoir le cœur qui lâche à ton bureau. C'est la preuve d'un excès de zèle.
Jamais jamais jamais. Toujours toujours toujours.
Rien n'arrêtera la culture de la réussite, et tu ferais mieux d'en suivre les préceptes à la lettre ou bien de t'écarter de son chemin, si tu ne veux pas te faire aplatir.
C'est ce qui m'est arrivé. Mais je dois dire pour ma défense que je suis sorti de scène comme un homme. Je me suis aplati tout seul
Précédents livres de Robert Goolrick dont ma préférence revient tout de même à Arrive un vagabond.
Arrive un vagabond - Robert Goolrick - Stemilou
http://stemilou.over-blog.com/article-arrive-un-vagabond-robert-goolrick-118000701.html
Grand Prix des Lectrices Elle 2013