Blond cendré – Eric Paradisi

Éditeur : J.C. Lattès
Date de parution : août 2014

 

« Si les morts parlent aux vivants, c'est pour leur apprendre comment vivre et ne se souvenir que de l'amour. »

 

Présentation
 

Alba et Maurizio se rencontrent à Rome pendant la guerre. Elle étudie le droit et résiste au sein de Bandiera Rossa. Il est juif, coiffeur dans le ghetto, et se cache chez Alba après la rafle d’octobre 1943. Chaque dimanche, Maurizio coupe les pointes des cheveux blond cendré d’Alba. Des cheveux qu’il vénère autant qu’elle. Mais au printemps 1944, ils sont arrêtés ensemble. Alba est incarcérée tandis que Maurizio est déporté à Auschwitz. Il y survit en devenant le barbier de sa baraque, sans jamais renoncer au souvenir d’Alba, à la délicatesse amoureuse de son visage dessiné sur du papier volé.

Le temps a passé. Lors d’une interminable et tragique nuit de janvier, Flor, la petite-fille de Maurizio, raconte cette histoire à son fiancé comme son grand-père la lui a confiée, par morceaux, par songe. Peut-être l’homme qu’elle aime trouvera-t-il dans le courage d’Alba, la force de supporter à son tour l’absence.

Nous étions tous les deux en train de converser avec les fleurs. Que nous murmuraient-elles ? En voulais-tu vraiment de mes fleurs ? Moi, je t’aurais tout donné, le moindre pétale, mes racines en entier, et le goût de la terre qu’il me faudra avaler. Car je suis comme ceux des fosses, comme tous ceux que l’histoire a ensevelis, l’histoire qui se rappelle à moi. A nous. L’histoire de nos corps qui refusent de se séparer. Ton empreinte d’homme fossilisée dans ma chair. Parce que je te garde en moi. A jamais. Tout est si vivant quand je t’aime.

Avis

 

Blond cendré est un roman troublant et poignant. L’auteur donne la parole à deux personnages : Maurizio et sa petite fille Flor, chacun parlant d’amour, de survie et de leur époque.

Le roman débute par les mots de la petite-fille de Maurizio, des mots et une émotion qu’elle adresse à son fiancé, elle lui raconte l’amour qu’il y eut entre son grand-père et une résistante communiste, Alba, avant la rafle du ghetto juif de Rome pendant la seconde guerre, et elle lui dit combien elle l’aime et tente de lui dire aurevoir.

 

Tour à tour ces deux personnes prennent la parole parlant d’amour et d’attente, de guerre et de mort. Les mots sont percutants, rempli d’un trouble lié d’une part à la description de la vie dans un camp d’extermination, d’autre part au courage de dire adieu à l’amour de sa vie et de continuer malgré tout à avancer.

 

A Auschwitz, il n’y avait qu’une seule couleur, murmura-t-il, celle de la cendre.
Le peintre le considéra avec émotion, puis lui dit avec douceur :
Chaque homme a le droit à une couleur, celle de sa liberté, il existe une infinie de couleurs pour chacun d’entre nous. Un jour, tu trouveras la tienne...

 

C’est ce que fit Maurizio tentant de survivre au camp dans l’espoir de retrouver Alba, puis de garder espoir en l’avenir après lui avoir dit adieu, il vieillira en Argentine et sera célèbre pour avoir recréé ce blond cendré qui orné les boucle d’Alba. Mais les mots les plus douloureux sont ceux de sa petite-fille qui m’ont émus et attristés.

 

Les paroles des deux personnages se confondent comme s’il n’était question que d’une seule et même personne mais c’est plus que cela, à travers les époques si différentes soient-elles, c’est de l’amour dont il est question et de ce qu’on est prêt à sacrifier pour le faire vivre par delà les temps.

 

J’en ai encore le cœur qui bat la chamade en écrivant ces quelques lignes, peut-être suis-je trop émotive ou bien la douleur de perdre son amour m’a transpercé aussi.

Je remercie l’auteur pour ce récit magnifique car ça faisait bien longtemps qu’un roman n’était pas resté gravé en moi ainsi bien après l’avoir fermé.

Mourir ne sert à rien, ici tout le monde finit par mourir, chuchota-t-il. Mais les nazis vont perdre la guerre et ils ne pourront pas tous nous tuer. Ceux qui survivront auront le devoir de raconter les atrocités que nous avons subies. Tu dois rester vivant, et moi aussi je resterai vivant.

Lu dans le cadre du Challenge 1% Rentrée littéraire et du Challence Petit Bac 2015

        

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