La vérité attendra l'aurore - Akli Tadjer

Présentation
C’est dans le Gaîté-Palace, un cinéma de banlieue laissé à l’abandon, que Mohamed, ébéniste au passage du Grand-Cerf, revisite sa vie, celle de ses parents et, surtout celle de son jeune frère, Lyes.
Ses souvenirs se figent puis se glacent d’effroi lorsqu’Aïcha, la mère, décide de fêter les vingt ans de Lyes dans son village natal en Algérie, pendant les années barbares. Lyes ne fêtera jamais ses vingt ans. Le jour de son anniversaire, Mohamed et Lyes tombent dans un piège tendu par les Combattants de l’Islam. Et c’est le monde qui bascule. Mohamed réussit à s’enfuir, laissant son frère aux mains des terroristes. Il ne s’est jamais remis de cette disparition.
Vingt-cinq ans plus tard, Mohamed reçoit sur son compte Facebook un étrange message de Houria, une jeune femme, qui habite Alger…

Avis
Je découvre cet auteur avec ce livre que j'ai dévoré, l'histoire est simple et pourtant très actuelle. Le récit se lit très facilement, point de longueur ou de langueur, on est en direct c'est poignant, triste et pourtant plein d'espoir.
Le récit commence tout doucement avec la présentation des personnages et la suggestion qu'un drame a eu lieu mais sans en faire vraiment état. Ce drame a eu des répercussions épouvantables sur la famille et ce sont ces changements qui happent le lecteur, le narrateur Mohamed raconte en oscillant entre passé et présent l'histoire de sa famille, son père travailleur qui avait besoin de noyer son quotidien et ses malheurs dans un verre de vin au bistrot du coin, la mère dépensière et omniprésente autour du frère Lyes, sa fierté; mais il raconte surtout Lyes se frère disparu lors d'un voyage en Algérie quelques jours avant ses vingt ans.

Aucune colère ni regret même après l'incroyable rebondissement, les pages sont empreinte d'une certaine nostalgie alors même que les événements en Algérie à cette époque troublée étaient terrifiants. Mohamed se remémore ces moments privilégiés avec son frère et son père en mettant volontairement la mère de côté, cette femme ingrate et dépensière qui n'avait aucun amour pour le père. J'ai d'ailleurs été très émue par le personnage du père qui subit sans se révolter ou si peu, qui acquiesce pour éviter le conflit et puis un peu aussi par résignation.
Mohamed perd tour à tour son frère, puis son père et enfin la mère (c'est ainsi qu'il la désigne, non pas maman mais la mère), avant de trouver ce quelqu'un qui changera sa vie, qui lui rendra aussi un peu du passé.

Seul le personnage de Lyes m'a troublé, ce jeune garçon fierté d'une mère, intégré et intelligent qui change sans se révolter pour basculer vers l'intégrisme. Et Houria cette jeune femme qui marque ce changement tant attendu dans la société algérienne. Il y a tant à dire sur cette histoire qui pourrait ne pas en être une, sur ces personnages au caractère si différent et qui marquent pourtant chaque pan d'une société: la résignation, la rébellion, la consommation, le déracinement...
Un texte magnifique, une fin trop rapide à mon goût (j'aime à prolonger le bonheur) et un destin incroyable même s'il est terrible.

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