24 Octobre 2020
Présentation
L’Histoire bouscule les âmes, la perversité de l’occupant nazi qui veut corrompre, voir ses victimes s’autodétruire et met en place un jeu ignoble dont l’objectif est de survivre, à n’importe quel prix : vendre son âme en dénonçant les siens ou ses voisins, abandonner ses enfants affamés, ou sauver son enfant, lui apprendre à ne plus être juif, céder son âme au catholicisme pour un temps ou pour toujours en échange de sa vie.
Pour survivre, il faut sortir du ghetto. Par tous les moyens.
Trois femmes, une Polonaise, Janina, et deux juives, Bela et Chana, vont les leur donner. Elles ont organisé un réseau clandestin qui fait passer le mur aux enfants et leur donne, pour se cacher en zone aryenne, une nouvelle identité, un nouveau foyer, une nouvelle foi, polonais et catholiques.
Avis
Un homme meurt sous les coups et finit brûlé lui et sa maison, le coupable est un homme de passage. On comprend vite qu'il s'agit d'un règlement de compte mais le coupable explique son geste par cette phrase simple mais qui revêt une grande signification : "Je suis juif et je reviens". Il est condamné à dix ans de prison, pour l'exemple mais surtout afin d'éviter que tout un chacun puisse imaginer se venger sans en subir les conséquences. Pourtant ce geste aussi atroce qu'il puisse être est compréhensible, la victime a lui aussi tué et en toute impunité pendant la seconde guerre mondiale.
Ainsi débute ce roman qui retrace la vie dans le ghetto de Varsovie.
On rencontre Joachim, un rescapé, qui a tenté d'oublier et de fonder une famille en France. Cet homme taciturne, qui ne dévoilait que peu ses sentiments, s'est replié sur lui-même après la venue d'une très ancienne connaissance. Un de ses fils, Szymon, partira à la recherche de ce père, de son passé pour tenter de comprendre ce qu'il est devenu. A Varsovie il retrouve Ava alias Maria, elle aussi rescapé du ghetto, qui va lui raconter une histoire commencée le 31 octobre 1940.
Ce jour-là, l'annonce est faite de parquer tous les juifs de Varsovie entre des barbelés, puis un mur fait de briques. Au début tous pense à un événement mineur, une erreur qui sera vite rectifiée mais de jour en jour de nouvelles familles arrivent, s'entassent dans les appartements restés encore vacants. Très vite la place manque alors c'est la rue qui abritera ses pauvres hères. La faim tiraille et les maladies déciment, les massacres en pleine rue sont de plus en plus courants, une vie misérable s'installe mais certains résistent encore.
C'est Szymon, l'aîné de la famille, qui prendra les choses en mains rapidement, tentant de trouver de quoi nourrir chaque membre et d'aider ses proches. Malgré sa débrouillardise il sait pertinemment que cela ne suffira pas et qu'il faut trouver une solution, et la seule existante est de quitter le ghetto mais c'est aussi celle la moins probable.
Une autre famille, plus aisée, est confrontée aux mêmes problèmes. Le père est médecin et la mère ancienne cantatrice, pourtant leurs deux filles sont tiraillées elles-aussi par les événements. L'une d'elle, Luba, la plus jeune, est bien décidée à quitter le ghetto. Le quotidien la submerge, devient trop difficile, des enfants comme elle qui rendent leur dernier souffle sur le trottoir d'en face est une vision trop cruelle.
Dans cet enfer, trois femmes feront leur possible pour sortir un maximum d'enfants du ghetto et de les faire adopter par des familles polonaises catholiques. Le seul espoir pour rester vivant mais un déchirement sans nom pour les parents. Je n'ose imaginer la détresse de ses familles écartelées entre l'espoir et la peur.
Trop d'image et de sentiments lors de cette lecture, bouleversée, troublée et marquée même par une scène en particulier; rares sont les livres pouvant m'arracher une larme.
La profondeur de l'être humain est ici détaillée dans son ensemble, la lâcheté et le courage se côtoient. L'espoir, même s'il reste approximatif dans de telles conditions, est toutefois moins présent que l'envie ou la rage de vivre.
Le besoin de gagner face à l'absurde, de vaincre une idéologie totalitaire grâce à son courage et sa force.
L'histoire de cette famille, de cette fratrie, est bouleversante. Le quotidien dans le ghetto fait de violence et de survie est bien décrit, avec des scènes déchirantes. La chasse aux âmes, ce titre avec tant d'écho, reflète parfaitement le contenu du récit; une traque à l'être humain, une réalité impensable!
Attention Coup de cœur garanti.