29 Octobre 2021
Présentation
Lyon, 1898. Six mois se sont écoulés depuis que le professeur Alexandre Lacassagne a demandé à Félicien Perrier, l’un de ses étudiants, de créer une équipe de scientifiques dédiée à la résolution des affaires criminelles. Et celle-ci est bientôt dépêchée sur les lieux d’une macabre découverte : à qui appartiennent ces corps de femmes décomposés trouvés dans les entrailles de la Croix-Rousse ? Pourquoi ont-ils été déposés là, comme sur un autel sacrificiel ? Est-ce l’œuvre d’un fou ou d’une secte ? Le vieux bateau-morgue reprend du service. Au meilleur de sa forme depuis que son ami Freud se livre sur lui à des séances d’hypnose, Félicien va réunir, une à une, les pièces de cet étrange puzzle.
Pendant ce temps, Irina Bergovski, journaliste au Progrès, mène l’enquête à l’asile d’aliénés du Vinatier où elle a été enfermée.
Avis
Après avoir lu Les suppliciées du Rhône, c'est tout naturellement que je me tourne vers la nouvelle enquête de Félicien Perrier, étudiant du professeur Alexandre Lacassagne, et de ses acolytes.
En cette année 1898, la médecine légale n'en ai qu'à ses balbutiements, les enquêtes policières pour crimes ne prenaient pas toute en compte les indices laissés par le corps de la victime.
Le roman débute dans les bas fond de Londres où Irina, journaliste au progrès, vient de retrouver la trace de Félicien, elle va tenter de le convaincre de faire une cure de désintoxication. Celui-ci avait disparu après leur dernière enquête. En attendant à Lyon, des ouvriers découvrent sous la colline de la Croix-Rousse au cœur d'un labyrinthe, un amoncellement de cadavres de femmes. Le professeur Lacassagne rassemble son équipe nouvellement formée et composée de Félicien et Bernard, pour rassembler les preuves et résoudre ces crimes. Mais le fleuve lui aussi a son lot de cadavres: un nouveau né vient d'être repêché dans le Rhône.
Lors de cette enquête le célèbre Sigmund Freud rend visite à Félicien pour l'aider via des séances d'hypnose à se recentrer, ce que l'on apprend est que ces deux hommes entretiennent une relation. Comme si les choses n'était pas assez compliquée voilà que Bernard intègre un groupuscule conservateur et tente de trouver chaussure à son pied dans une de ces agences où l'on peut trouver l'épouse parfaite.
Mais le pire reste cette idée folle qu'Irina met en pratique, elle réussit à se faire internée à l'asile du Vinatier pour témoigner des conditions inhumaines réservées aux femmes, elles qui peuvent se retrouver enfermées pour un rien.
"Il est assez aisé de se faire interner lorsqu'on est une femme, dans notre société. Des idées un peu trop anticonformistes, le désintérêt d'un mari, une attitude extravagante, une existence jugée dissolue par la famille… c'est ce que veut prouver notre amie Irina…"
Dans ce polar il est surtout question de la condition des femmes, atroce et révoltante; l'on y voit des jeunes filles enfermées dans un asile qui servent, après avoir été violée par le futur père, de "mère porteuse" pour couple ne pouvant avoir d'enfant. Puis viennent les accouchements où la plupart des mères meurent, les enfants enlevés, des épouses dont on veut se débarrasser car ne remplissent pas le devoir conjugal, des malades maltraités.... et ceux qui tentent d'éliminer toute velléité protestataire à ces femmes.
"Pour rester une oie blanche, un être soumis sans désir que celui de faire le bien, celle-ci (la femme) doit demeurer dans l'ignorance, sinon son cerveau entre en démence et la conduit au pire"
Dans ce récit ce sont des faits réels mélangés à de la fiction, et des personnalités connus mélangées à des personnages fictifs pour faire de ce roman une intrigue captivante. De nombreux événements et rebondissements, des détails sur la vie quotidienne et sur l'avancée des sciences et de la médecine (parfois fantaisiste) psychiatrique, le rappel à ce bateau morgue qui a longtemps officié et qui se dégrade lentement,... L'intérêt pour ce livre ne se résume pas seulement à l'intrigue mais également aux nombreuses informations sur la vie à cette époque notamment la condition des femmes.
Ce récit m'a bouleversé.