6 Avril 2022
Présentation
En septembre 1914, l'asile de Prémontré, dans l'Aisne, près de Soissons, abrite quelque 1 300 malades. Des aliénés, des fous, des «zinzins», comme les appelle le gardien-chef Loisel.
L'armée prussienne, avec à sa tête le colonel Von Stauffenberg, qui se dirige à marche forcée vers Paris, est en vue. Le directeur se fait la malle, promptement suivi du médecin-chef adjoint et de quelques autres, abandonnant les malades à l'envahisseur.
André Letombe, l'économe en fin de carrière, quelques gardiens et religieuses refusent de quitter leur poste. Avec les fous, ils sont les oubliés de Prémontré.
Sous la tutelle des nouveaux maîtres prussiens, la vie, à Prémontré, devient périlleuse. Les vivres viennent à manquer, et la faim gagne. Le charbon se fait rare, et le froid mord les corps et brûle les âmes. Au cœur de cette enceinte de misère et de désolation, les malades tombent comme des mouches.
Alors Letombe, secondé par le jeune et mystérieux Clément, va passer un accord inouï avec les paysans des alentours. Puisque les bras des mobilisés manquent, les malades valides travailleront aux champs. Comme Letombe le dit lui-même, il «troque» ses fous contre de la nourriture… pour les sauver tous d'une mort certaine.
L'histoire des fous de Prémontré n'est pas tout à fait une fiction. Elle puise aux meilleures
sources historiques. C'est surtout un formidable récit de courage et de résistance, un petit miracle de survie au milieu de la fureur de la guerre.
Avis
Lorsque le jeune Clément est admis au sein du personnel soignant de l'asile de Prémontré en août 1914, il ne s'imaginait pas vivre autant d'événements. Cet asile, proche de Soisson, s'occupe de plus d'un millier de malades de tous âges et atteint de maladies mentales diverses. La guerre approchant les hommes sont mobilisés y compris les chauffeurs, ambulanciers travaillant à l'asile, et leurs véhicules partent avec eux laissant le reste du personnel sans moyen de transport. Heureusement que Clément sait conduire ce qui permettra de se débrouiller.
Très peu de monde restera sur place comme Clément, l'économe André Letombe et les Sœurs de la Charité, les autres ayant fui préférant se mettre à l’abri avec leur famille.
Attendant en vain les autorités pour évacuer l'asile, les seuls personnes saines d'esprit restées sur place pour s'occuper des malades devront livrer une bataille bien différente que celle livrée dans les tranchées.
Une garnison de soldats français s'installera aux abords de l'asile avant que les allemands viennent prendre possession des lieux et des vivres. Clément que l'on découvre sous un autre jour continue de poursuivre son projet de retrouver sa sœur.
Cet album retrace un fait réel, celui de la résistance du personnel soignant. Cet asile encore debout aujourd'hui et continuant sa mission de soins psychiatriques, a surmonté deux guerres mondiales et les restrictions qui en découlent, le courage et la débrouille ont permis aux pensionnaires (fous ou pas) de survivre. Même si la romance prend une place importante dans cet album, les faits historiques eux montrent combien ces malades n'avaient aucune importance à la fois pour les familles mais aussi pour les autorités françaises.
Le dessin sied parfaitement à l'époque avec ses couleurs ocres. Je reste atterrée par cette histoire d'abandon comme il a du y en avoir bien d'autres en France pendant la guerre.