Folles nuits – Joyce Carol Oates

Folles-nuits fiche livre

 Quatrième de couverture

 

Plus inventive – et brillante – que jamais, Joyce Carol Oates joue dans ces nouvelles à imaginer les derniers jours de cinq géants de la littérature américaine. Ainsi, dans Le Phare, Edgar Allan Poe, devenu gardien de phare, se retrouve, en proie à ses démons, sur une île déserte du pacifique avec pour seule compagnie celle d’un chien, témoin aussi de sa lutte contre un monstrueux hybride né de sa démence. Grand-papa Clemens et Poisson-Ange raconte un Mark Twain obsédé par ses rencontres clandestines – et sa correspondance – avec de très très jeunes filles, tandis que Papa à Ketchum décrit un Hemingway réfléchissant avec soin à son suicide. Dans le Maitre à l’hôpital Saint-Bartholomew, Henry James, surmontant ses révulsions premières devant une salle remplie de soldats blessés, va fatalement s’énamourer de ces « chers garçons » qu’il a toujours désirés en secret… EDickinsonRépliLuxe redonne la vie à Emily Dickinson sous la forme d’une poupée androïde, un robot vivant fait sur mesure pour un couple de bobos entichés de poésie…

Un prodigieux tour de force que ces histoires de folie, de désespoir, de solitude et de frustration sexuelle, superbement tricotées par Oates dans le style même de chacun de ces cinq maîtres pourtant réputés inimitable.

 

 

Avis

 

Une quatrième de couverture qui annonce quelques surprises, et la première fut celle figurant Poe en gardien de phare d’abord tout content de sa nouvelle place dans le monde puis complètement fou et désemparé auprès d’un animal hybride. Terribles effets de l’isolement extrême. Ou encore Emily Dickinson ressuscité sous la forme d’une poupée androïde pour un couple dont la femme est une passionnée de poésie. Un Mark Twain entretenant une correspondance avec une jeune fille avec laquelle il coupera tout rapport en apprenant qu’elle a seize ans et non quatorze, un club de « poisson-anges » très inhabituel.

Que dire d’un Henry James se portant bénévole dans un hôpital pendant la guerre et qui commence à fantasmer sur ces jeunes hommes mutilés. Pire, cette nouvelle où Hemingway fantasme sur son suicide.

 

Recueil de nouvelles publiées dans différentes revues, Folles nuits est donc la fin imaginée des derniers jours de géants de la littérature américaine : Poe, Dickinson, Twain, James et Hemingway.

Il est évident que c’est loin d’être une sorte de biographie mais bien une fin imaginaire, voire tragique empreinte de folie, de ces vies pourtant réellement brisées.

Un pari osé qui a tout pour plaire !

 

 

« 7 octobre 1849. Ah ! réveil – l’âme gonflée d’espoir ! en ce jour, mon premier dans le Phare légendaire de Viňa del Mar – c’est avec émotion que je trace les premiers mots de mon journal comme convenu avec mon mécène, le Dr Bertram Shaw. »

[…]

« Quelle terreur éprouva ma bien-aimée quand des envahisseurs débarquèrent bruyamment au pied du Phare, de mon « espèce » indéniablement ! Dans un petit canot et le navire ancré à quelque distance, appelant le Gardien du Phare et ne trouvant aucun habitant humain, fouillant dans mes affaires abandonnées, mon ancien lit, et ayant vainement cherché, repartirent dépités. Dans notre terrier douillet nous étions à l’abri de tout danger, et dans cette chambre de craie Hela a donné le jour, huit petits bébés chauves et miaulants dont les yeux ne se sont pas encore ouverts et qui tètent férocement ses seins veloutés (un œil si lumineux que je défaille en plongeant dans ses profondeurs). Chacun d’eux porte cependant la marque indubitable de son père, mon front patricien, mon nez dont le tour romain a été qualifié de « noble ».

(Reproduit avec ponctuation car n’en existe aucune dans ce passage)

Nouvelle : Poe posthume ; ou Le Phare

 

 

 

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