La garçonnière - Hélène Grémillon

garconniere.jpegQuatrième de couv’

 

Ce roman est inspiré d'une histoire vraie. Les événements se déroulent en Argentine, à Buenos Aires. Nous sommes en août 1987, c est l'hiver. Les saisons ne sont pas les mêmes partout. Les êtres humains, si.

 

 

Avis

 

Ce n’est certainement pas la quatrième de couverture qui va vous pousser entre les pages de La garçonnière mais probablement le souvenir du premier roman d’Hélène Grémillon, Le Confident.

 

Nous sommes en Août 1987 à Buenos Aires. Vittorio, psychanalyste, se retrouve face à Lisandra, jeune femme éplorée devant le désamour de l’homme qu’elle aimait. Elle pleure, Il l’admire. Ce fut donc leur première rencontre, celle d’un médecin face à une patiente, ou celle d’un homme face à une femme.

 

Lisandra était belle, étrangement belle, et cela ne tenait ni à la couleur de ses yeux, ni à celle de ses cheveux, ni à sa peau, elle avait la beauté enfantine, non dans ses formes qui étaient si féminines, mais dans son regard, dans ses gestes, dans ses moues traquées par la douleur, dans cette femme je l’ai su tout de suite, l’enfant n’était pas mort.

 

C’était un coup de foudre, c’était il y a sept ans. Aujourd’hui Lisandra gît sur le trottoir, défenestrée du cinquième étage. Des traces de disputes dans l’appartement suggèrent aux enquêteurs que le mari ne serait pas blanc comme neige dans ce drame. Voilà Vittorio accusé du meurtre de sa femme, de celle qu’il a tant aimé.

 

[…] C’est tout bonnement un procès fait à la solitude, cela revient à dire qu’on ne peut jamais être seul, qu’on se doit de passer les moindres heures, les moindres minutes de sa vie en compagnie, pour être bien sûr d’avoir un alibi, au cas où un jour on serait accusé à tort […]

 

Croyant fermement à l’innocence de Vittorio, Eva Maria, une patiente qui ne se remet pas de la disparition de sa fille, va tenter de faire la lumière sur ce drame, de prouver l’innocence du psychanalyste. Plusieurs pistes s’offrent à elle en écoutant les cassettes enregistrées par Vittorio à l’insu de ses patients, le cas de Felipe par exemple l’entraîne dans la terreur de la dictature, des disparitions forcées et des enlèvements d’enfants. Elle retranscrit toutes ces conversations, se perd en conjecture, crois tenir une piste, baigne dans la certitude pour que sa théorie s’effondre d’elle-même. Le doute plane jusqu’à ce que ce soit Lisandra elle-même qui nous délivre les clés du mystère.

 

Cela pourrait ressembler à un polar, un meurtre, une enquête, un coupable idéal … hors il est des histoires qui ne reflètent que peu le sujet qu’elles dévoilent de premier abord, des histoires dont les personnages tourmentés sont à eux seuls une intrigue, des destins brisés qui tentent de survivre à l’horreur. Sur fond historique, celui de la guerre sale qui eu lieu en Argentine entre 76 et 83 et de la dictature du général Videla, un drame familial comme pour beaucoup de ses mères de la Place de Mai, un sacrifice passionnel.

On explore la psychologie de chaque personnage passant du sentiment d’abandon à la folie, de l’amour à la jalousie, de la terreur au sacrifice … autant d’états d’âme dans lesquels il est aisé de se plonger. C’est le cœur des personnages qui est mis à nu.

 

Le roman m’a fait ressentir du désespoir pour cette femme qui voit son mari la quitter, pour cette mère qui perd son enfant, ou encore pour celle qui pleure la perte de son amour, de son enfance.

Le titre « La garçonnière » trompe le lecteur sur le contenu du roman, tout au long de la lecture il n’en est pas fait écho c’est seulement dans les dernières pages que l’on comprend tout, une garçonnière qui n’a rien à voir avec ce que l’on peut s’imaginer, un dénouement qui dévoile toute la noirceur de cette intrigue.

 

Roman réellement passionnant.

 

 

Lu dans le cadre de ma participation aux matchs de la rentrée littéraire PriceMinister-Rakuten.

Ma note : 19

 

 

« Les souvenirs sont libres. Ils se jouent de nous. Ils s’amenuisent, ils se dilatent, ils se rétractent, ils nous évitent ou ils nous foudroient. Une fois engendrés par la vie, ils en deviennent les maîtres. Ce sont les petits soldats du temps avec lesquels il nous rend fous. Sans souvenirs, nous serions des hommes libres. La mémoire est la mauvaise fée du temps. Les souvenirs en sont les forces obscures. Aucun souvenir n’apporte la joie réelle, la sérénité. Regrets, remords, les souvenirs sont des tas de linkpetites cloches discordantes qui vibrent en nous. Et plus la vie passe, et plus la petite musique des souvenirs dissone. On croit être soi, mais on n’est rien d’autre que ses souvenirs. »

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