Le charme des penseurs tristes - Frédéric Schiffter

Présentation

 

La joie occulte le tragique de notre existence et nous insensibilise aux souffrances du monde. Les philosophes, dès lors, en font une passion sage -une vertu. Sont-ils pour autant des êtres joyeux? Les penseurs tristes, eux, n'ont rien de doctrinaires de la tristesse. Ils contemplent notre condition à travers les loupes de leurs larmes. Leur lucidité ne nous rend pas plus heureux. Comme elle s'exprime avec élégance, elle invite notre intelligence et notre sensibilité au plaisir de flirter entre elles. Elle nous rend le sourire. Nous sommes sous le charme.

 

Avis

 

Le titre évocateur de penseurs tristes colle bien au sujet car effectivement il est question non pas de tristesse au vrai sens du terme mais de petit chagrin, de mélancolie ou encore d’insomnie.

Alors il faut s’accrocher aux lignes comme à une corde sinon autant fermer le livre car au moindre désengagement de votre part vous perdrez le fil de la pensée et c’est retour à la case départ.


Petit recueil d’un peu plus de 150 pages dans lequel l’auteur nous embarque donc dans les méandres de l’esprit et de la tristesse qui finalement ne serait pas un mal mais plutôt un « charme » qui accompagnerait philosophes et écrivains moralistes dans la création, dans le développement de leur art, de la continuité de leur vie un peu trop sérieuse voire ennuyeuse.

 

« Un philosophe d’occasion, un esthète épuisé, un frondeur abattu, une marquise cafardeuse, un aventurier sans cause, un métaphysicien insomniaque, un nihiliste apocalyptique, un réactionnaire à vif, un anarchiste sentimental, un adepte du suicide non pratiquant, les figures que j’évoque ici forment une aristocratie transhistorique de l’ennui – montrant par là l’éternité de la maladie du temps.

 

D’un scepticisme à la fois féroce et poli, ils démystifient les doctrines qui prônent un illusoire art de vivre. Ils rappellent que la vie n’a rien d’un art mais d’une douleur continue interrompue par quelques moments de rémission, que nous ne choisissons pas de naître puis de vivre comme nous vivons ou comme nous souhaiterions vivre, que nous n’avons pas la moindre emprise sur nos passions, que nous ne changeons pas mais que nous aggravons notre cas. Ils nous tendent leurs opuscules comme des cartes de visite sur lesquelles figure l’invitation à la souriante volupté d’être triste. »

 

A travers penseurs et philosophes on traverse la tristesse et l’ennui de manière différente, avec Socrate en philosophe d’occasion, avec Madame du Deffand en marquise cafardeuse ou encore avec des contemporains tels que Cioran en métaphysicien insomniaque ou encore Roorda en anarchiste sentimental.

Voici un livre qui réjouira ceux rebuté par la philosophie en tout genre et les bons vieux penseurs ennuyeux car cette lecture se fait  avec une certaine légèreté et un sourire.

 

« Flaubert écrivit un jour à Maupassant : " Mon cher Guy: prenez garde à la tristesse. C'est un vice". Si l'on ne tente rien pour la soigner, la tristesse dégénère en mauvaise habitude. Afin e donner une allure poétique à celle que j'ai contractée depuis un demi-siècle, j'en parle comme d'un climat de l'âme. L'âme est ne notion atmosphérique. On ignore ce qu'elle désigne mais cela fait son charme et son succès. [...] "

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