3 Avril 2009
Dehli, années 1990. La violence des castes déchire le pays, les étudiants s'immolent lors de manifestations contre le gouvernement. Elles sont trois - une lycéenne, une divorcée, une bonne - à graviter autour de Babyji, petite lolita indienne qui, inspirée par ses cours de physique quantique, conjugue la passion du savoir avec le plaisir des sens. Au travers du jeu des possibles entre ces femmes que tout devrait séparer, c'est l'Inde moderne, - loin du folklore et des clichés - qui est décodée. Roman initiatique aux accents érotiques et subversifs, Babyji témoigne de l'émergence d'une nouvelle vague indienne.
1ère phrase :
« Delhi est une ville où tout se passe dans la clandestinité. Une ville où l’horizon disparaît derrière les émissions de microparticules et où les journées sont brûlantes. Une ville sans amour mais avec des tonnes de passion. Comment la passion sans amour peut-elle exister, demandez-vous ? Tout comme le sexe sans vie nocturne. Delhi bouillonne lentement, secrètement. Ce qui en ressort, c’est l’urgence. »
Quelques extraits :
« J’étais en train de lire un livre en vogue sur la théorie du chaos, d’après lequel le chiffre trois impliquait le chaos. Je désirais le chaos parce que grâce à lui je pourrais créer mon modèle personnel. Je regardais les beaux objets fractals illustrant le volume et voyais Sheela, Linde et Rani dans l’un d’eux, s’amenuisant au fur et à mesure, le motif se répétant à l’infini. Je refermai le livre, convaincue d’avoir bien choisi la façon de mener ma vie. Le chaos était la physique moderne, c’était la science d’aujourd’hui. »
« Je m’étais divisée, à la manière d’un atome, en une foule d’électrons et de neutrons. Chaque particule subatomique dansait avec une personne différente et vivait sa vie propre. Mais tout mon être, mon être tout entier, m’existait pour personne sinon moi. »
Commentaire :
Avec ce roman on entre dans une Inde encore régie par le système des castes. Babyji, une adolescente indienne de Delhi, studieuse et très mûre pour son âge qui va découvrir l’amour et la sensualité au travers de 3 femmes. Rani, la bonne de la maison de la caste des brahmanes, sa confidente et amante qui veut quitter son mari violent; Linde, une femme mûre divorcée et Sheela, une amie de lycée. Décrivant ainsi ces relations particulières de façon libre, sans tabous.
L’auteur va à contre courant de tous les principes fondamentaux qui régissent l’Inde : il est inacceptable de se lier à une bonne et d’entretenir des relations d’égales à égales avec ses aînées. Il s’agit donc bien d’un vibrant appel à la modernisation de la société indienne fermée dans ses carcans.
Ce roman va aussi à contre courant des préjugés et des idées toutes faites sur les castes. L’auteur situe son roman dans un lycée des années 2000 touchée par la loi du Mandal, qui instaure une discrimination positive pour les castes inférieures à l’entrée à l’université.