L'enfance de personne - Thomas Morfin

Sélection pour le Prix Roman Fnac 2009

Quatrième de couverture

« Des années avant, il a vu le père sous puissance plus haute que le père lui-même. Il a vu le père frêle et désorienté dans le hall d’hôpital, tout à coup petit papa aux cheveux en désordre, banal malade en chemise de nuit. Père sonné, assommé.

Quelles paroles échangées autour du père pressé d’enfants, de femme ? Le monde s’est étreint. S’est assuré de la peau de chacun, de la chaleur du sang. Mais dans le temps que le sang réchauffait le sang, la mort s’inquiétait de paraître. Ce jour-là, on enseignait le père précaire, on récitait en grelottant la fragilité des aimés. À l’heure du réconfort, on apprenait la peur. »
 

Passage :

«  L’enfance est une légende, la plus nuisible, la plus nécessaire de toutes. Vous n’êtes pas idiot, pour qu’ils vous laissent tranquille vous apprenez très vite à y souscrire, vous feignez merveilleusement d’y croire, d’ailleurs vous y croyez, vous y croyez presque : aux yeux de tous, enfants et adultes, vous croyez dans votre enfance, vous avez foi dans l’enfance, l’insurpassable enfance. Tout est bien. »

Commentaire

Un enfant qui ouvre les yeux petit à petit sur son père et sa vie voilà ce que nous conte l’auteur en petits paragraphes. Comment construit-on une enfance et ses souvenirs ? Des souvenirs liés à un père aujourd’hui mort. On passe d’un père plein de puissance à un père rare, le tout enveloppé par la mémoire, par de petites confessions.

Les défections
Les constitutions
Les coups
Les secours
Les attachements
Un faune
Les frissons
Les raisons

 « Tu l’ignores, et je l’ignore encore, mais je regretterai tes façons
S’en va le père dans l’aube, dans le gris –bleu de cendres s’en est allé. On ne le reverra pas. 
 Au dernier jour que pesaient les années, beaucoup d’amour récapitulé ?
Au jour méchant combien de regards et de phrases, combien d’embrassements ?
Mais à quoi bon les bras
C’était le jour insu
A quoi bon les bouches
Le jour méchant
et à quoi bon les yeux
on ne s’est pas dit adieux. »


 L’arpenteur – Gallimard – 113p – 11,90€

 

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