'Ndrangheta - Antonio Talia

Présentation
La route nationale 106 serpente entre la mer ionienne d’un côté et les montagnes de l’Aspromonte de l’autre. De Reggio de Calabre, on rejoint Siderno en seulement une heure et demie, c’est pourtant dans les quelques villages qui émaillent cette route qu’est née la ‘ndrangheta, la mafia calabraise implantée sur les cinq continents depuis plus de quarante ans et devenue l’une des organisations criminelles les plus puissantes – et rentables – au monde.
Semant la mort au Canada comme dans de paisibles villes allemandes, blanchissant son argent jusqu’à Hong Kong, pouvant faire vaciller un gouvernement européen, en mesure de traiter avec les cartels latino-américains les plus redoutables et d’organiser la plus grosse livraison d’ecstasy de tous les temps, la ‘ndrangheta a profité de l’espace ouvert par la mafia sicilienne pour conquérir le monde.
Antonio Talia, journaliste calabrais, n’a eu de cesse de chercher à comprendre le syndrome qui touche sa région depuis de nombreuses générations. Enlèvements, assassinats, corruption généralisée, pourquoi tout cela s’est-il développé justement ici ? Parcourir la Nationale 106 lui permet de remonter à l’origine du phénomène global qu’est aujourd’hui la ‘ndrangheta, une organisation aux rites ancestraux, qui peut, simultanément, célébrer une Madone en larmes tout en négociant des opérations financières de plusieurs millions d’euros. Talia a enquêté pendant plus de dix ans sur l’organisation secrète et pourtant poreuse, à laquelle lui et les siens ont toujours eu affaire. Il recoupe les informations, rencontre magistrats, criminologues, journalistes et ex-inflitrés, se nourrit de dossiers judiciaires, de rapports de police et de légistes qui, d’un bout à l’autre de la planète, font toujours entendre les mêmes noms, les mêmes consonances, du Canada à l’Australie, de la Slovaquie jusqu’à Marseille – car tous ont un lien avec ces villages le long de la Nationale 106.

Avis
Journaliste d'investigation, Antonio Talia nous emmène sur les routes de ce pays qu'il connait si bien puisqu'il y puise ses origines: la Calabre. Je dis un pays, c'est une manière de parler, d'origine calabraise moi-même on parle rarement de la Calabre comme d'une région tant elle diffère du reste de l'Italie, un peu comme une enclave où l’État a bien du mal à s'imposer. On aura beau enclencher des dispositifs hors normes pour déloger tous les criminels qui la peuplent, la Calabre reste un endroit dirigé non pas par le gouvernement italien mais par l'organisation criminelle la plus puissante au monde aujourd'hui: la Ndrangheta.
Les habitants vivent auprès d'elle depuis si longtemps qu'elle fait partie du paysage, comment est-il possible de réduire l'impact de la mafia calabraise quand celle-ci a pu s'infiltrer dans les plus hautes sphères du pays? Une mission impossible que même Mister Cruise ne saurait relever.

La Calabre est une terre au sud de l'Italie entourée par la mer Tyrrhénienne, la mer Ionienne et le détroit de Messine et le Golfe de Tarente. C'est le long de la route nationale 106 qui va de Reggio de Calabre à Siderno que l'auteur va nous plonger dans des faits criminels, les problèmes économiques de la région qui ont amplifiés l'emprise de la mafia sur des villages entiers, son essor passant de l'extorsion et aux enlèvements au trafic de drogue et bien d'autres activités criminelles, l'infiltration dans divers milieux et surtout les guerres de clans.
Une remarquable plongée dans ce milieu où la police et les criminels se connaissent et se reconnaissent, où il est difficile de différencier l'un de l'autre tant la corruption est présente.
Une enquête complète, vertigineuse et pourtant si désolante.

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